Elizabeth Pastore-Reiss est Directrice Générale déléguée de Greenflex et membre du Comité Ethique et Scientifique de l'Open agrifood. Elle répond à 5 questions concernant les enjeux de l'innovation dans le secteur agroalimentaire et le rôle de l'Open agrifood.

Qu’est-ce qu’une innovation durable ?

C’est une innovation qui grâce aux progrès de la technique mais souvent aussi grâce à la mise en réseau des bonnes pratiques et des changements de comportement (par exemple la gestion de projet en filière du champ à la fin de vie chez le consommateur) permet de créer de la valeur directement pour chaque intervenant de la chaîne de production.
C’est aussi une innovation qui apporte de nouveaux bénéfices au consommateur en répondant à ses préoccupations (santé, simplicité, confiance…), qui pense "client" avant de penser "production".


Pourquoi l’innovation est-elle si importante sur la chaîne agroalimentaire ?

Car le secteur de l’agro vit une révolution à tous les niveaux et à tous les maillons de la chaîne : attractivité des métiers (60 000 emplois non pourvus chaque année) et crises récurrentes, nécessité de répondre aux nouvelles attentes des consom’acteurs, moderniser l’ensemble de la chaîne pour gagner en compétitivité et en qualité (produire plus et mieux pour des produits meilleurs avec moins), réduire les impacts et accélérer le déploiement du digital pour plus de transparence.


En quoi l’Open agrifood est-il vecteur d’innovations ?

L’Open agrifood à travers son Do Tank (Open agrifood Initiatives) est l’acteur qui a réussi à faire travailler ensemble tous les maillons de la chaîne qui traditionnellement s’affrontent. Grâce à des méthodes d’intelligence collective et un cadre qui respecte la parole de chacun et favorise l’écoute active, les acteurs font émerger des solutions concrètes pour répondre aux attentes.


Comment générer et susciter l’innovation sur la chaîne agroalimentaire ?

  • Rapprocher le consommateur des acteurs de la chaîne en ouvrant les boites noires des usines, des coopératives, des distributeurs afin :
    • que les consommateurs, se rendant compte de la réalité des filières, comprennent la notion de qualité et les coûts associés. Comme l’a si bien fait le café, il faut aider à aimer nos différents "crus" et la diversité des systèmes agricoles différents par régions.
    • que les industriels développent des produits qui répondent aux nouvelles attentes des consommateurs. A ce titre, la demande est grande surtout dans le domaine alimentaire : dans notre étude Ethicity, la santé (la sienne d’abord mais aussi celle de la planète et des animaux) est le premier levier pour acheter des produits durables et bons pour l’environnement.
  • Créer le contact, la discussion, mieux se comprendre pour innover et se réinventer.

 

Quelles innovations récentes sont sources d’inspiration ?

Saveol a su innover et se réinventer à travers son offre de tomate cerise tout en répondant aux attentes du consommateur (convivialité, goût, nomadisme, etc.). Pour soutenir sa croissance, la société a établi une charte d’Avenir pour faire venir des jeunes agriculteurs, les accompagner et en faire des "ambassadeurs auprès de la jeune génération et du grand public".


Se réinventer et s’ouvrir, expérimenter, trouver des solutions ensembles... a-t-on un autre choix à l’heure ou les autres pays européens ont pris une longueur d’avance ? Nous en avons les capacités. Quel défi passionnant, l’Open agrifood fait partie de la solution !